Il est essentiel d’essayer de reconstituer minutieusement les faits ayant abouti à une procédure pour outrage.

 

Les policiers sont des malins. Globalement, c’est heureux, pour le citoyen qu’ils protègent. Mais parfois, il faut faire attention à la façon dont ils utilisent leurs ficelles.

Mon jeune client était accusé d’avoir craqué par étapes, en commençant par leur asséner un vocabulaire fleuri, avant selon eux de brandir un pavé en leur direction.

Ce dernier geste ayant été insuffisamment prouvé, restait à porter ses efforts sur l’explication des insultes, dont il ne niait même pas la réalité – cette franchise, qui hélas paie rarement, a dû pour le coup le servir dans la balance finale.

En reconstituant la succession des faits, il a été possible de démontrer que loin de constituer le départ du dossier, les insultes ne prenaient place qu’au terme de longs « échanges » ayant permis aux parties en cause de faire amplement « connaissance ». Cela avait commencé par un contrôle vétilleux sanctionné par une foule de contraventions bénignes, de celles que les agents ne dressent habituellement pas, sauf pour être cruels. Cela s’était poursuivi par une ronde empruntant « comme par hasard » le chemin exact du retour de mon client à son domicile. Puis d’une seconde interpellation pour un motif qui laisse rêveur (« crissement de pneu »), et une mise en scène purement vexatoire, devant le domicile de ses parents. Bref, la disproportion révoltante donnait envie de crier les pires insultes.

Il faut ajouter à cela, ensuite, que la garde à vue, évidemment entreprise au commissariat où exercent les agents interpellateurs, avaient donné à ceux-ci une occasion d’embêter au mieux ce client, notamment en la faisant durer au maximum, sans que cela soit justifié par des recherches nécessaires, et en lui faisant rater ainsi des examens de fin d’année scolaire.

C’en était décidément trop pour le juge aussi. Relaxe.

[écrit le 4 février 2014]