Elle était responsable du contentieux d’une société d’HLM cliente voilà, mon Dieu, une bonne vingtaine d’années.

Du fond de sa paisible retraite elle appelle pour une voisine qui a, comme c’est banal, un locataire qui ne paie pas.

Elle était dans le souvenir des temps anciens.

Il a fallu la ménager.

Lui dire tous les délais de procédure accumulés depuis.

Lui dire que, non, ce n’était plus l’avocat qui choisissait la date d’audience et qu’il fallait la demander au greffe et que là, ce serait peut-être 2024.

Lui dire que, non, les délais, ce n’était plus 24 mois mais 36.

Lui dire que, non, il n’y aurait pas d’audience pour septembre et que, non, il n’y aurait pas d’expulsion possible avant l’expiration des délais divers et d’hiver

Lui dire aussi la possibilité de l’effacement de la dette selon les circonstances.

Lui dire toutes ces choses-là, à la réflexion étonnantes, et sentir son univers de responsable du contentieux la retraite fissuré.

Se sentir presque cruel