La dernière fois que j'ai regardé ma montre, il était 7h40. Je la regarde de nouveau. Elle m'indique 21 heures. Tous les soirs, je la regarde et tous les soirs, il est 21 heures. Quoique je fasse, ma journée ne trouve son terme qu'à cette fatidique heure 21.

Entre les deux ? Je me suis occupée. Occupée à me charger des autres. Dans la plus grande solitude réelle mais toujours avec eux. Je me dis à cet instant qu'eux-mêmes ignorent parfaitement du temps de mes journées à penser à eux. Je ne les vois presque jamais. Eux non plus. Je leur écris peu. Je suis devenue moins friande des correspondances de rappel. Pourtant ce sont eux qui rythment mes journées.

Je me révolte, je m'insurge, je revendique en leur nom et pour leur compte. Je me dis qu'ils ne voient que quelques pages dactylographiees. Et ne soupçonnent pas les heures de mes pensées tournées vers eux.

Il est 12h30. Je crie famine. Je m'interromps. 10 minutes. Et un autre dossier entre dans mon esprit. Par où ? Je l'ignore. Je me jette à mon bureau traiter ce trait de pensée. Il est 14 heures. Je n'ai pas pris mon café. J'ai oublié de finir de déjeuner. J'étais avec un autre.

Qui sont-ils tous ces gens ? Les clients du cabinet.

Instantanés de Palais, 10.I.2019