Ces derniers temps nous recevons des appels de personnes qui se plaignent avoir été alpagués par des commerciaux lors de visites sur des foires-expositions, des salons et marchés, etc.

Ces lieux pourtant conviviaux et destinés à découvrir de nouveaux produits, sont parfois propices à des rencontres avec des commerciaux sans scrupule, qui y voient une occasion de contourner les règles du commerce loyal pour manipuler les consommateurs.

Entre alpagage agressif et discours quasi hypnotique, ces pratiques posent un réel problème éthique et juridique.


Des méthodes de vente qui frôlent la manipulation

Dans ce type d’événement, l’ambiance est souvent bruyante, animée et propice à l’impulsion. Certains vendeurs exploitent ce contexte pour aborder les passants de manière insistante : c’est ce qu’on peut qualifier d’alpagage.

Nous ne sommes plus dans le cadre d’une simple invitation à découvrir un produit, mais d’un harcèlement déguisé : interpellations répétées, flatteries, intimidation passive, voire mise sous pression.

Une fois le chaland capté, le discours commercial se fait long, structuré, et souvent manipulateur. Le vendeur enchaîne arguments pseudo-scientifiques, démonstrations biaisées, promesses de résultats spectaculaires et offres « exceptionnelles » valables uniquement « aujourd’hui ». Cette mise en scène vise à court-circuiter l’esprit critique du consommateur et à provoquer une décision précipitée.


Ce que dit le droit : des pratiques parfois illégales

Ces comportements peuvent enfreindre plusieurs règles du droit de la consommation, du droit civil et du droit pénal.

1. La pratique commerciale trompeuse

Conformément à l'article L121-1 du Code de la consommation, une pratique commerciale est trompeuse lorsqu'elle repose sur de fausses allégations, des promesses non tenues, ou qu'elle induit le consommateur en erreur sur les caractéristiques essentielles du bien ou du service.

Sanctions : Jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 300 000 € d’amende pour une personne physique, amende pouvant être portée à 10 % du chiffre d'affaires annuel pour une entreprise.

2. La pratique commerciale agressive

L’article L121-6 du Code de la consommation interdit les pratiques commerciales agressives, qui altèrent la liberté de choix ou le consentement du consommateur par la contrainte ou le harcèlement.

✅ Cela inclut l’alpagage insistant, les discours culpabilisants, ou la répétition d’arguments visant à épuiser la résistance mentale du client.

3. Le dol en droit civil

Selon l’article 1137 du Code civil, une manœuvre destinée à tromper une personne pour l’amener à contracter constitue un dol. Si prouvé, le contrat peut être annulé.

⚖️ Cela permet à l’acheteur d’obtenir la nullité de la vente ou des dommages et intérêts.


Des recours pour les victimes

Si vous avez été victime d’un tel vendeur lors d’une foire ou d’un salon, plusieurs options s’offrent à vous :

  • Rétractation : attention, dans les foires et salons, le droit de rétractation ne s’applique pas systématiquement (sauf exception, notamment pour les crédits à la consommation ou si la vente est liée à une sollicitation hors stand).

  • Plainte : vous pouvez déposer une plainte auprès de la DGCCRF ou du Procureur de la République pour pratique commerciale déloyale.

  • Assistance juridique : faites appel à un avocat spécialisé pour contester le contrat.


Me Grégory ROULAND - avocat au Barreau de PARIS

Tél. : 06 89 49 07 92

Mail : gregory.rouland@outlook.fr

 Site : https://sites.google.com/view/gregoryrouland/accueil