RAPPEL : le recours pour excès de pouvoir (REP) est un recours formé devant un tribunal administratif, par lequel le requérant (demandeur) demande au juge administratif de contrôler la légalité d’une décision administrative (arrêté, décision implicite de rejet conséquence du silence gardée par l’administration pendant deux mois,…), et d’en prononcer l’annulation si elle est illégale.
On dit habituellement que c’est un procès fait à un acte et ce type de contentieux administratif fait partie du contentieux de l’annulation par opposition au contentieux de l’indemnisation (plein contentieux).
Selon le célèbre arrêt du Conseil d’Etat, Assemblée, Dame Lamotte, 17 février 1950, requête n° 86949, publié au Recueil Lebon , une décision prise par un préfet pour faire délibérément obstacle à une décision du Conseil d’Etat statuant au contentieux n’a pas exclu le recours pour excès de pouvoir devant le Conseil d’Etat contre l’acte de concession, recours qui est ouvert même sans texte contre tout acte administratif, et qui a pour effet d’assurer, conformément aux principes généraux du droit, le respect de la légalité.
Mais pour former ce recours, il faut que soient remplies des conditions de recevabilité tenant à la nature de l’acte attaqué, à la personne du requérant, aux délais de recours et à l’exception de recours parallèle.
C’est dans cet esprit que je vous propose une trame qu’il vous appartiendra bien sûr d’adapter au cas par cas.
1) – MODELE DE RECOURS POUR EXCES DE POUVOIR
Maître André ICARD
A Mesdames et Messieurs les Présidents et Conseillers composant le Tribunal Administratif de…………………………………………………….
Adresse :…………………………………………………………………………
(Courrier recommandé avec A.R.).
Si présenté par ministère d’avocat :
POUR : Monsieur Henri DUPONT, né le 18 décembre 1970 à 94800 VILLEJUIF, de nationalité française, employé de banque, demeurant 78, avenue des Moineaux 94800 VILLEJUIF
Ayant pour avocat Maître André ICARD, avocat au Barreau de Paris, domicilié au 72, Boulevard Pereire 75017 PARIS, téléphone 07 84 86 30 49, Toque: D0325
OU
Si présenté par le demandeur personne physique :
Monsieur Henri DUPONT, né le 18 décembre 1970 à 94800 VILLEJUIF, de nationalité française, demeurant 78, avenue des Moineaux 94800 VILLEJUIF
OU
Si présenté par une collectivité publique :
Le département de …………représenté par son Président en exercice, autorisé à ester en justice par délibération du Conseil Général numéro 2004/9999 du 31 octobre 2003
OU
Si présenté par une entreprise :
La S.A.SANNOM au capital social de 300 000 EUR représentée par son Président en exercice, Monsieur Henri DUPONT, Président directeur général, né le 18 décembre 1970 à 94800 VILLEJUIF, de nationalité française, domicilié au siège de la société 38, avenue des Ormeaux 94800 VILLEJUIF, autorisé à ester en justice par délibération du Conseil d’administration en date du 31 octobre 2003
CONTRE :
1er cas : [Indiquer la décision attaquée lorsqu'il s'agit d'une demande d'annulation d'un acte administratif unilatéral.]
Par exemple :
L’arrêté (ou) la délibération (ou) la décision en date du……..pris(e) par (Madame) ou (Monsieur) le Maire de la Ville de………., par laquelle [............] ou ayant pour objet d’infliger un blâme à Monsieur Roger MARCEL, agent administratif……….
OU
La décision implicite de rejet à la suite du silence de deux mois gardé par Monsieur le Maire de ……….. à la suite de la demande d’autorisation d’occupation du domaine publics formulée par Monsieur Henri DUPONT
2ème cas : [Indiquer les coordonnées du ou des défendeurs si la décision attaquée porte sur un litige de nature contractuelle.]
La ville de X…………représenté par son Maire en exercice, domicilié à l’hôtel de ville, 1 place du marché couvert à ………….
[Plus éventuellement les coordonnées de l'avocat]
Ayant pour avocat Maître [Prénom nom], avocat au Barreau de [nom de la ville ou du département], domicilié [Adresse] téléphone [Numéro], télécopie [Numéro], Toque: [n° identifiant].
OBJET DE LA REQUETE
[Ce paragraphe est à utiliser uniquement si la décision attaquée porte sur un litige de nature contractuelle et que l'on a indiqué ci-dessus en contre les coordonnées du ou des défendeurs.]
Demande d’annulation de l’arrêté en date du……..de (Madame) (Monsieur) le Maire de la Ville de…
OU
Demande d’annulation de la décision implicite de rejet à la suite du silence de deux mois gardé par Monsieur le Maire de …. à la suite de la demande d’autorisation d’occupation du domaine publics formulée par Monsieur Henri DUPONT
EXPOSE DES FAITS ( Trés important)
Exposer de façon précise, concise et chronologique les faits qui ont conduit à la décision attaquée en citant les pièces qui fondent les éléments.
Exemple : « Par arrêté en date du 10 juin 2004 (Pièce cotée 1), Monsieur le Maire de la Ville de ……… a interdit l’utilisation de tondeuses à gazon du vendredi après midi 16 heures au lundi matin 9 heures etc…. »
SUR LA RECEVABILITE DE LA REQUETE
Exposer de façon précise et concise les éventuels recours administratifs préalables (important si obligatoire) qui ont été formés, justifier que le recours est bien intenté dans le délai franc de deux mois et apporter les éléments justifiant de votre intérêt à agir. (Avis d’imposition à la taxe d’habitation par exemple).
DISCUSSION DE LA VALIDITE DE L’ARRETE ATTAQUE
I) -L’arrêté est illégal en la forme : les moyens de légalité externe
1) – incompétente : lorsque la décision a été prise par un agent de l’administration qui n’avait pas (ou plus) le pouvoir de prendre la décision.
L’incompétence peut être « ratione materiae » en fonction de l’objet de l’acte, « ratione loci » en fonction du territoire ou « ratione temporis » en fonction du temps.
2) – vice de forme et de procédure : lorsque la décision a été prise en méconnaissance de l’accomplissement des formalités et procédures auxquelles était assujetti l’acte administratif. Le juge ne sanctionne que l’inobservation de formalités substantielles. (Défaut de consultation d’un organisme dont l’avis doit éclairer l’administration par exemple ou insuffisance ou défaut de motivation etc….).
II)- L’arrêté est illégal au fond : les moyens de légalité interne
1) – le détournement de pouvoir : lorsque l’autorité administrative agit dans un but étranger à l’intérêt général ou tout en poursuivant l’intérêt général ne suit pas l’objectif assigné à la mesure litigieuse ou lorsqu’il y a détournement de procédure etc….
2) – la violation de la loi : lorsque l’autorité administrative viole non seulement la loi mais aussi la Constitution, les déclarations de droit, les préambules, un principe général du droit, une ordonnance, un décret ou un arrêté, la chose jugée, un traité ou un accord international etc….
3) – l’illégalité de l’objet : lorsque l’autorité administrative ne pouvait prendre la décision attaquée. (Par exemple un permis de construire ne peut autoriser en même temps l’occupation du domaine public).
4) – l’erreur de droit : lorsque l’autorité administrative a commis une erreur dans son raisonnement juridique.
5) – l’erreur de fait : lorsque l’autorité administrative a commis une erreur dans l’exactitude matérielle des faits et leur qualification juridique que le juge contrôle de façon exhaustive. Lorsque l’autorité administrative dispose d’un pouvoir discrétionnaire, le juge ne contrôle dans la qualification juridique des faits que l’erreur manifeste d’appréciation.
CONCLUSIONS
L’exposant, par ses moyens, demande au Tribunal administratif de (ville) d’annuler l’arrêté du ………………de Monsieur le Maire de ………….
Il demande, sur le fondement de l’article L.761-1 du Code de justice administrative la condamnation de la Ville de ……à lui payer la somme de …….EUR au titre des frais exposés dans la présente instance et non compris dans les dépens.
OU [à la place de conclusions]
PAR CES MOTIFS et tous autres à produire, déduire ou suppléer, au besoin d’office, l’exposant conclut qu’il plaise au Tribunal administratif de < … >
- Annuler l’arrêté du ………………de Monsieur le Maire de ………….
- Condamner la ville de < … > à verser à l’exposant la somme de …. EUR en application de l’article L.761-1 du code de justice administrative
Sous réserve de tous autres éléments de droit ou de fait à produire ultérieurement par mémoire complémentaires, et sous réserve de tous autres recours.
OU [autre variante de « Par ces motifs »]
PAR CES MOTIFS et sous réserve de tous autres à produire, déduire ou suppléer, le requérant conclut, sous toute réserves et notamment celle de produire un mémoire en réplique, à ce qu’il plaise au Tribunal administratif de < … >
- Au principal :
- Annuler l’arrêté du ………………de Monsieur le Maire de ………….
- Subsidiairement :
- Ordonner une expertise aux fins de ……………………..
- [ Former une autre demande plus modérée au cas où (la) les demandes principales risqueraient de ne pas être accueillies favorablement....]
- Condamner la ville de < … > aux entiers dépens.
[Le cas échéant]
- Condamner la ville de < … > à verser à l’exposant la somme de …. EUR sur le fondement de l’article L.761-1 du code de justice administrative au titre des frais engagés pour l’instance et non compris dans les dépens.
A PARIS, le 26 avril 2024
Signature (N’oubliez surtout pas de signer votre recours)
PIECES JOINTES : ne pas oublier de joindre la décision attaquée et les pièces probantes.
Utiliser pour cela Télérecours citoyen : ICI
Cocher bordereau automatique
Si envoi papier : en autant d'exemplaires que de parties plus deux.
2) – MODELE DE LETTRE D’ENVOI DE LA REQUETE
A Paris, le 26 avril 2024
Tribunal Administratif
Adresse [.....................]
L.R.A.R.
Affaire : Monsieur X c/ Ministre de [................................]
SAISINE
Madame ou Monsieur le Président,
Dans l’affaire citée en référence, je vous prie de bien vouloir trouver sous ce pli les 4 exemplaires du recours pour excès de pouvoir que j’ai établi aux soutien des intérêts de Monsieur [........] ou mon recours pour excès de pouvoir contre l’arrêté du [.....] pris par [.....] qui m’a été notifié le [.......].
Vous trouverez annexées à mon recours la décision querellée ainsi que les pièces numérotées de 01 à XX sous bordereau.
Vous en souhaitant bonne réception,
Je vous prie de croire, Madame ou Monsieur le Président, à l’assurance de ma considération distinguée.
P.J : recours + inventaire + pièces
Signature
3) – INVENTAIRE DES PIECES (Bordereau de communication)
PIECE N° 1 : libellé identique aux citations dans la requête (décision querellée)
PIECE N° 2 :
PIECE N° 3 :
PIECE N° 4 :