Dans notre monde moderne de l’hyper-communication, on constate paradoxalement que les échanges humains peuvent s’avérer difficiles ou laborieux. La relation établie entre l’avocat et son client n’échappe pas à cette règle.
Le plus souvent, les difficultés ne surgiront pas d’un défaut de maîtrise des outils que le professionnel mettra à votre disposition mais sera entretenu par une mauvaise harmonie dans votre communication mutuelle.
L’avocat, comme beaucoup de professionnels, est confronté à un objectif de rentabilité de son cabinet. Il doit dès lors maîtriser le temps qu’il consacre en communication personnelle avec son client, qu’elle qu’en soit la forme ou le support (entretiens présentiels, distanciels, courriers, courriels, intranet, sms …).
Si vous ajoutez à cette considération que le droit est souvent complexe et technique (parce qu’il doit régir avec subtilité les relations entre les hommes en tenant compte des particularités et diversités des situations) et qu’il peut être codé par un langage parfois obscur (le fameux « jargon juridique », que l’avocat doit justement éviter en vous rendant accessible la compréhension juridique de votre cas), vous aurez là tous les ingrédients pour risquer l’incompréhension avec celui que vous choisirez pour porte-parole.
Car étymologiquement, l'avocat est bien "celui qui porte la parole"…
De ce fait, lorsque nous autres, avocats, plaidons, nous employons souvent le « je » en défendant autrui, usage parfaitement connu des prétoires et qui révèle bien la personnalisation qui s’opère dans la relation particulière qui lie l’avocat à son client. L’avocat, l’instant d’une plaidoirie, « porte » son client.
Voici donc quelques conseils pour mieux aborder la relation avec votre avocat :
1er commandement : Ne mentez pas à votre avocat, ne lui cachez rien de ce qu’il devrait savoir pour vous défendre ou vous conseiller au mieux
L’on croit parfois qu’il est préférable de « ne pas tout dire à son avocat », dans l’idée préconçue qu’en lui occultant une partie de la vérité, il sera plus « motivé » ou « efficace » pour assurer votre défense. On reste sur l’idée, en quelque sorte, que toute vérité n’est pas forcément bonne à dire !
On n’évoquera pas ici la question spécifique des fameux « aveux » dans les affaires criminelles, tant est particulière et sous influence philosophique et humaine, la façon dont l’avocat pénaliste sera amené à gérer le rapport à la vérité de l’accusé qu’il défend.
Voici un exemple concret : le bailleur d’un logement parisien, loué sous le régime particulier de la loi du 1er septembre 1948, réclame l’expulsion de son occupante de longue date au motif qu’il s’agirait d’une sous-location interdite. Cette dernière s’acquitte scrupuleusement du loyer, réglé directement entre les mains du bailleur.
L’occupante prétend alors bénéficier d’un « droit au maintien dans les lieux » en raison d’un lien avec l’ex-locataire, décédé depuis de nombreuses années. Son avocat soutient donc cette position, qui va s’avérer contredite par les pièces produites par le bailleur. Ce moyen aura été vainement soutenu par l’avocat de l’occupant, qui s’est en tenu aux déclarations initiales que lui avait faites sa cliente.
En revanche, s’opposer à l’expulsion en demandant au juge de retenir l’existence d’un « bail verbal » comporte de bien meilleures chances de succès pour battre en brèche la thèse de la sous location déguisée.
D’où l’intérêt de ne pas mentir à son avocat !
2è commandement : Sachez que vous n’avez pas forcément conscience avec justesse de la frontière entre l’important et le superflu, en termes d’utilité juridique
Le temps reste une donnée à maîtriser pour les deux interlocuteurs.
Certaines choses, qui apparaîtront sans importance, le sont et inversement. A l’avocat de faire le tri, en vous guidant dans cet échange.
C’est ici que la qualité d’écoute de votre avocat est primordiale, car s’il laisse trop l’entretien déraper en digressions sans importance, le message peut se perdre…
Au contraire, s’il ne vous laisse pas suffisamment vous exprimer, il risque fort de passer à côté d’une information essentielle que vous pourriez oublier de lui révéler, ou volontairement lui occulter.
3è commandement : Le professionnel du droit sert d’interface entre « qualification juridique » et langage courant
En quelque sorte, l’avocat va comprendre les faits et les qualifier en droit, ce qui déterminera ensuite le choix de la stratégie qu’il vous proposera en fonction des enjeux du dossier, des objectifs que vous recherchez et de ceux que vous pouvez judiciairement atteindre.
C’est un habillage parfois délicat, qui nécessite une certaine dextérité. Une erreur à ce stade peut s’avérer par la suite fatale, à l’issue du procès le cas échéant, dont l’aléa est de principe en la matière.
D’où l’importance d’un échange réellement interactif avec votre avocat, quel qu’en soit le mode (rendez-vous présentiel, visioconférence ou RDV téléphonique). En prenant le temps de vous écouter, l’avocat saura vous orienter, vous poser les bonnes questions sur les données factuelles qu’il a besoin de connaître et écarter celles qui lui sont indifférentes.
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