M. Pierre U a présenté une leucémie traitée par chimiothérapie à l'hôpital Saint-Louis à Paris. Il a subi une allogreffe de moelle osseuse.

            Quelque temps après, pour une fièvre associée à des céphalées, M. U. a consulté son médecin traitant, le docteur Florence M. qui lui a diagnostiqué une grippe.

            Mme U., en raison de vomissements et de la persistance de la fièvre et de douleurs orbitaires, a rappelé le docteur M. qui, venue au domicile, a prescrit une antibiothérapie, un sirop antitussif et un bilan sanguin.

            En raison de l'aggravation de son état de santé, M. U. a été transporté par le SMUR à l'hôpital de Saint-Nazaire où il lui a été diagnostiqué une méningo-encéphalite pneumocoque.

            À l'issue de son hospitalisation, il a été constaté des séquelles consistant en des troubles mnésiques antérogrades et une hypoacousie droite.

            La Commission régionale de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux (la CRCI), saisie le 7 juillet 2005 par M. U., a nommé un collège de trois experts qui a déposé le 23 septembre 2006 un rapport en considérant que :

            Les conclusions du collège d'experts sont :

                        -La survenue du dommage s'explique par l'antécédent d'une leucémie aigüe pour 40 %, les 60 % restant sont imputables :

                        - au docteur M. pour 25 %,

                        - à l'hôpital Saint-Louis pour 15 %,

                        - aux demandeurs pour 20 % en raison de l'absence d'information claire au docteur M. sur la leucémie et la greffe subie par M. U. et le non-respect des recommandations de 1994, mais toujours d'actualité du docteur D..

            Le Tribunal de Grande Instance a suivi les conclusions du collège d’experts. Et la Cour d’Appel de Rennes a confirmé que le médecin traitant d'un patient en rémission depuis 11 ans d'une leucémie aigüe myéloblastique traitée par chimiothérapie, a commis une erreur en diagnostiquant une simple grippe, alors que le patient souffrait d'une méningite à pneumocoque. Le retard de diagnostic de 48 heures a retardé d'autant la mise en place d'un traitement efficace par une antibiothérapie adaptée dès l'hospitalisation. Le médecin ne peut se dédouaner de toute responsabilité en indiquant que le patient était suivi indifféremment par un des 4 médecins du cabinet de groupe dont il faisait partie alors qu'il savait qu'il avait souffert d'une pathologie grave. La responsabilité du médecin est appréciée à l'aune d'une perte de chance de la victime de ne pas subir les séquelles de sa méningite, à savoir une hypoacousie et des troubles mnésiques. La perte de chance est fixée à 25 %.( C.A Rennes. 5e ch.18 Décembre 2019.N°16/08535.)