Vous êtes propriétaire et vous faites face à des loyers impayés par votre locataire ? Dans ce cas, il est essentiel pour le propriétaire bailleur d'être parfaitement informé sur ses recours juridiques. Vous avez en effet la possibililité de mettre fin au bail, expulser votre locataire, et faire procéder au recouvrement des loyers impayés.

Me Sarah HENNEBELLE, Avocat à Lille, vous propose un point complet sur les réflexes à adopter face aux loyers impayés. 


La loi du 06 juillet 1989 régit la plupart des baux d’habitation en cours. Son article 7 dispose ainsi que l’une des obligations principales du locataire est de payer son loyer, ainsi que les charges fixées au bail. Si votre locataire ne règle plus ses loyers et se maintient malgré tout dans les lieux, le propriétaire bailleur doit alors engager une procédure judiciaire visant à obtenir la condamnation du locataire au paiement des loyers impayés, ainsi que son expulsion des lieux loués.

Quelles sont les démarches à suivre ?

  • Première étape – Vérifier que le bail contient une clause résolutoire 

La première étape consiste à vérifier que le bail contient une clause résolutoire souvent formulée de la façon suivante : « Le présent contrat sera résilié de plein droit en cas de non-paiement du loyer et/ou des charges ». La clause résolutoire qui figure dans la quasi-totalité des baux d'habitation, prévoit ainsi que le contrat sera résilié "de plein droit", c'est-à-dire automatiquement, si le locataire ne paie pas son loyer (et ses charges) aux échéances convenues.

  • Deuxième étape – Délivrer un commandement de payer 

Lorsque le locataire ne règle plus les loyers et/ou charges, et après avoir cherché à régler ce litige de façon amiable, il faut rapidement lui faire délivrer par huissier, un commandement de payer visant la clause résolutoire contennant plusieurs mentions obligatoires, notamment le montant du loyer, des charges, et de la dette locative. L'huissier, qui signifie le commandement de payer doit en outre informer la commission de coordination des actions de prévention des expulsions locatives (CCAPEX).

La date de délivrance du commandement fait alors courir un délai de deux mois. Si, deux mois après la délivrance du commandement de payer visant la clause résolutoire, le locataire ne s'est pas acquitté de la dette, la clause résolutoire est acquise.

  • Troisième étape - L’assignation devant le Juge des Contentieux de la Protection (JCP)

Si au terme de ce délai de deux mois, votre locataire n'a pas régularisé sa situation, il faut alors l'assigner devant le Juge des Contentieux de la Protection (JCP) du Tribunal judiciaire du lieu de situation de l'immeuble afin qu'il constate l'acquisition de la clause résolutoire, ordonne l'expulsion et condamne le locataire à payer l'arriéré de loyer.

A l'audience, il convient ainsi de ne pas oublier d'actualiser le montant de la dette en tenant compte, le cas échéant, des règlements effectués par le locataire depuis la délivrance du commandement de payer.

  • Quatrième étape – Les pouvoirs du juge

A l’audience, si le locataire est présent, il lui est demandé de justifier des raisons pour lesquelles le loyer n’est pas régulièrement payé. Il peut par ailleurs solliciter des délais de paiement en proposant un échéancier. Quand bien même la clause résolutoire est acquise, le juge a en effet la faculté de suspendre ses effets, et d’accorder des délais au locataire pouvant aller jusqu’à 36 mois. Pour accorder ces délais, le juge s’appuie notamment sur l’ancienneté du bail, la situation financière du locataire, sa bonne foi, ainsi que le montant de l’arriéré. Pendant toute la durée de l’échéancier, le locataire est ainsi tenu de rembourser l’arriéré de loyer selon les mensualités fixés par le juge, en plus du loyer courant et des charges.

  • Cinquième étape – L’expulsion

Si le locataire ne fait pas appel de la décision dans le délai d'un mois à compter de la signification, l'huissier doit alors délivrer un commandement de quitter les lieux qui ouvre un nouveau délai de deux mois. Le locataire peut alors saisir le juge de l'exécution pour obtenir un délai supplémentaire pour quitter les lieux. Ce délai peut aller de 3 à 36 mois, selon la bonne ou mauvaise foi de l'occupant, de son âge, de son état de santé, de sa situation familiale et financière.

  • Que faire en cas de bail sans clause résolutoire ? 

Quand le bail ne contient pas de clause résolutoire, le bailleur doit directement assigner le locataire devant le juge des contentieux de la protection du tribunal judiciaire du lieu de situation de l'immeuble afin d'obtenir la résiliation du bail et l'expulsion du locataire. On parle dans ce cas de résiliation judiciaire en ce qu'elle n'est plus automatiquement acquise par le jeu d'une clause contenue dans le bail, mais doit être prononcée par un juge.

Le juge apprécie la faute du locataire et sa situation financière pour accorder, le cas échéant, des délais de paiement. S'il estime que la faute est suffisamment grave, il prononce la résiliation du bail et ordonne l'expulsion.

ATTENTION : le fait pour un bailleur de procéder lui-même à l'expulsion du locataire constitue une infraction pénale prévue par l'article 226-4-2 du code pénal et punie de 3 ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende.


Si votre locataire ne règle plus ses loyers, n’attendez pas que la situation s’aggrave. Afin de réussir la procédure d’expulsion du locataire, il est essentiel de respecter chaque étape. Pour ce faire, un avocat est le professionnel le plus expérimenté pour vous défendre.

Maître HENNEBELLE, intervient dans tout le Nord Pas-de-Calais (Lille, Valenciennes, Tourcoing, Roubaix, Douai, Cambrai, Béthune, Arras...).