Le Bâtonnier de Montpellier, Maître André BRUNEL, nous fait de temps à autre grand plaisir avec ses réflexions sur un sujet de société.

Sa petite diatribe de la semaine dernière m'allait droit au coeur.                                                                  Je lui ai demandé l'autorisation de la reproduire sur mon blog.

La voilà, une critique rafraichissante!

 

                                                                DU NOBEL A CUBA

Mes Chers Confrères,


Quel est donc le rapport entre « Bloody Sam » alias Sam Peckinpah et l’Académie Nobel ?
Peut-être, dans un clin d’œil humoristique, l’envie d’utiliser la dynamite comme dans un western ? Pas du tout.
Dans « Pat Garrett et Billy Le Kid » tourné en 1973, Sam Peckinpah emploie dans le rôle d’une brute ignare, bandit de profession, tueur au poignard avec lequel il passe son temps à jouer, un certain Bob Dylan… à qui a été décerné le prix Nobel de littérature 2016. 
J’ai souvent été dubitatif devant les choix du Nobel de littérature, mais j’avoue que j’ai eu un léger haut le cœur en apprenant cette consécration célébrée par tous les chantres de la démagogie intellectuelle.
Non que j’ôte le moindre atome de talent à ce chanteur dit « engagé », qualificatif dont les moins de cinquante ans ignorent le sens profond et le contexte politique démodé, dont les chansonnettes qu’il a composées sont charmantes, surtout interprétées par l’éternel boy-scout, Hugues Aufray, mais comment comparer quelques vers chantés, fussent-ils enchanteurs, à l’écriture d’un roman, au colossal travail auquel une telle entreprise oblige ?
Faut-il que la politique et la bien-pensance aient circonvenu les esprits ! 
A y réfléchir, cela n’a rien d’étonnant puisque les livres sont devenus des produits auxquels s’appliquent les règles du marketing, les mêmes que celles qui servent à vendre les tubes de la Star Ac.
Imaginez-vous un Montherlant s’abaisser à vanter son œuvre comme un vulgaire biscuit au chocolat ? 
Dylan, prix Nobel, c’est génial, ai-je entendu plusieurs fois.
C’est le vent de l’époque. Tous les babas cool sont béats. Beati pauperes spiritu. 
A être marri, et au risque de contrarier encore les babas cool, je vais dire ma stupéfaction et ma colère devant le pavillon Cuba de la Foire de Montpellier.
C’est l’exposition de l’inculture, du décervelage, du formatage systématique des esprits savamment régi par la puissance médiatique.
On y glorifie le Che comme une icône de théâtre, une idole révolutionnaire à l’esprit pur et aux mains propres, lâchement assassiné par la CIA.
Sa statue est placée au centre de l’espace.
A soigneusement été gommé le côté obscur du personnage qui, de sa main, tuait (les fans du Che disent « exécutait ») ses adversaires, ces ennemis du peuple à éradiquer.
On occulte l’Histoire pour ne retenir que le folklore des révolutions à la Tintin et les Picaros. Cuba est devenu le mythe de la révolution sans assassinats, sans embastillements, sans prisonniers politiques, celui des vieilles américaines rutilantes, du rhum et de la musique.
Et cela marche. Cuba, c’est la dictature à visage humain … 
Je suis prêt à parier que les futures funérailles de Fidel seront l’occasion d’un barnum où se presseront tous les chefs d’Etat éplorés, et même le Pape, vantant à l’unanimité les années Castro comme on vante La Belle Époque …

 

Avec mes meilleurs sentiments confraternels et cordiaux,