La frontière entre la vie professionnelle et la vie personnelle a perdu de son étanchéité depuis l’avènement des smartphones, permettant une connexion constante à l’environnement de travail.

Cette « hyperconnexion » aurait d’ailleurs joué un rôle important dans l’épidémie de « burn out » constatée ces dernières années et semble avoir un effet néfaste sur la capacité d’attention des salariés.

L’hyperconnexion fragilise donc les salariés mais aussi l’entreprise, dans un contexte où les moyens mis en œuvre pour limiter les risques psychosociaux sont rigoureusement appréciés par la Cour de cassation.

Personne ne peut se satisfaire d’une telle situation.

Or, alors que la loi travail fait l’objet de vives critiques, son article 55, devrait faire consensus puisqu’il prévoit justement le droit à la déconnexion des outils numériques des salariés.

Dès le mois de janvier 2017, la négociation annuelle sur l’égalité professionnelle et la qualité de vie au travail (obligatoire dans les entreprises où il existe au moins une section syndicale représentative), devra porter sur :

« Les modalités du plein exercice par le salarié de son droit à la déconnexion et la mise en place par l’entreprise de dispositifs de régulation de l’utilisation des outils numériques, en vue d’assurer le respect des temps de repos et de congés ainsi que de la vie personnelle et familiale ».

L’article L2242-8 du Code du travail précité précise, qu’à défaut d’accord, l’employeur devra élaborer une charte prévoyant des « actions de formation et de sensibilisation à un usage raisonnable des outils numériques ».

Dans l’esprit de la loi, ce droit à la déconnexion aura vocation à concerner tous les salariés, même si dans l’immédiat l’obligation de négociation ne concernera que les entreprises les plus importantes.

Les employeurs doivent donc s’emparer rapidement de cette problématique et faire en sorte que le droit à la déconnexion revête une dimension pratique.

Cependant, l’attrait des smartphones et la tentation de « jeter un coup d’œil à ses mails » sont tels que seules des mesures impératives semblent pouvoir répondre aux exigences de ce nouveau droit du salarié.

Ainsi pourquoi ne pas prévoir des plages horaires pendant lesquelles les salariés n’ont pas le droit de se connecter à leur courriel ou imposer d’éteindre ou de laisser son smartphone professionnel au bureau les jours de repos ?

Les employeurs devraient d’ailleurs s’imposer ces mêmes exigences : le repos est un besoin universel qui n’est pas réservé au salarié.

Article publié dans l'Eco des Pays de Savoie