Dans le domaine crucial du droit des majeurs protégés, l'accompagnement des aînés vulnérables soulève des défis importants.

Le "syndrome de glissement" est une expression fréquemment employée pour décrire une détérioration rapide de l'état général, caractérisée par un repli sur soi, une perte d'autonomie fonctionnelle et un désengagement progressif de l'environnement.

Il est impératif de dépasser toute interprétation fataliste de ce tableau clinique, ce qui met en évidence le rôle fondamental du tuteur à la personne.

Des études récentes en gériatrie [1] soulignent que le "syndrome de glissement" ne constitue pas une maladie spécifique en soi.

Il s'agirait plutôt d'un ensemble de symptômes pouvant masquer des causes sous-jacentes potentiellement réversibles, telles que la dépression, la douleur chronique, des infections, les effets secondaires médicamenteux ou l'isolement social.

Cette perspective met en lumière la nécessité de dépasser une vision résignée face à cette situation clinique [2].

Pour le tuteur à la personne d'un aîné, identifier le "syndrome de glissement" comme un signal d'alarme aux origines multiples implique une approche active et attentive.

Le rôle du tuteur se déploie selon plusieurs axes essentiels :

·        Vigilance et détection des signaux d'alerte : L'observation méticuleuse de l'évolution de l'état de la personne protégée est primordiale. Toute modification notable de son comportement, de ses capacités fonctionnelles ou de son interaction avec son environnement doit être considérée comme un indicateur potentiel de mal-être nécessitant une investigation approfondie.

·        Impulsion d'une évaluation médicale spécialisée : Face à des signes évocateurs d'un "glissement", il devient crucial de solliciter une consultation médicale approfondie, idéalement auprès d'un gériatre. L'objectif est d'identifier précisément les facteurs causals et d'orienter une prise en charge adaptée.

·        Fonction de porte-parole et de défense des droits : Le tuteur a la responsabilité de s'assurer que les besoins et, autant que possible, les volontés de la personne protégée sont pris en considération tout au long du processus diagnostique et thérapeutique. Une prise en charge globale et personnalisée, excluant toute forme de fatalisme, doit être privilégiée.

·        Coordination de la prise en charge globale : Il incombe au tuteur de veiller à l'établissement d'une collaboration efficace entre les différents professionnels de santé (médecins, infirmiers, etc.) et les intervenants sociaux (assistants sociaux, psychologues, etc.). Cette coordination est essentielle pour répondre aux multiples dimensions de la vulnérabilité de la personne âgée.

En conclusion, l'analyse du "syndrome de glissement" révèle la complexité inhérente à l'accompagnement des majeurs âgés vulnérables.

Pour le tuteur à la personne, il s'agit d'adopter une posture dynamique, fondée sur une vigilance constante, le recours à une expertise médicale pointue et la défense inlassable des droits de la personne protégée.

Une compréhension approfondie des causes potentielles de ce syndrome est indispensable pour garantir une protection juridique respectueuse de la dignité et du bien-être de la personne âgée placée sous tutelle.


Claudia Canini

Avocat - Droit des majeurs protégés

www.canini-avocat.com


Sources :

[1] Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG). Essai de déconstruction du syndrome de glissement An attempt to deconstruct the French “syndrome de glissement”, Gériatrie & Psychologie et Neuropsychiatrie du Vieillissement 2024 ; 22 (2) : 145-154.

[2] https://sfgg.org/espace-presse/revue-de-presse/syndrome-de-glissement-un-concept-agiste-a-deconstruire-itv-du-pr-gilles-berrut/

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