Les faits sont les suivants : une affiche d’un parti d’extrême droite est découverte dans les locaux de l’entreprise.

Un salarié a alors eu la mauvaise idée de faire un salut nazi devant ses collègues tout en criant « Heil Hitler ».

L’intéressé a reconnu les faits. Ses collègues ont également attesté de ce comportement.

Pour sa défense, le salarié a expliqué qu’il avait effectué ce salut nazi en réponse à la découverte de cette affiche du Front national, ce qui laisse supposer que son geste avait pour objectif de tourner en dérision ce parti politique.

Sauf que l’employeur n’a pas apprécié cet humour ironique car le salarié a été licencié pour faute grave.

Dans un premier temps le Conseil des prud’hommes a confirmé l’existence de la faute grave.

Ensuite, la Cour d’appel a fait preuve de plus de clémence en estimant que le salarié avait simplement commis une faute simple et non une faute grave.

Plusieurs éléments justifiaient une atténuation de la faute du salarié : sa grande ancienneté et le fait que le salut nazi n’était adressé à aucune personne en particulier. Aussi, le salarié n'exercait pas de fonctions importantes, ce qui a dû avoir une incidence dans la décision de la Cour.

Cette décision rappelle que même un geste d’une particulière gravité n’est pas automatiquement une faute grave.

En effet, La faute grave doit être appréciée au regard du contexte de l’affaire, des fonctions exercées par le salarié dans l'entreprise, de son ancienneté, d'éventuels manquements antérieurs et des conséquences subies par l’entreprise.

Toutefois, il faut préciser que ce genre de décision reste exceptionnelle et qu’en pratique, une attitude ou des paroles antisémites justifient facilement un licenciement pour faute grave.

Par ailleurs, la Cour estime qu’un salut nazi effectué ostensiblement devant des collègues de travail est un manquement du salarié aux obligations de son contrat, ce qui relève de l'évidence.

Au final, le salarié a quand même perdu son emploi et le licenciement n’a pas été déclaré comme étant injustifié.

Le salarié est dans l’obligation de ne pas adopter au travail un comportement choquant et irrespectueux.

On voit mal des clients et des salariés se sentir à l’aise avec une entreprise où l’on tolérait des références à des idées haineuses ayant conduit des millions de personnes à la mort.

(Cour d’appel d’Aix-en-Provence, 14 juin 2018, n° 16/08439)