Travailler dans une collectivité de travail implique de cohabiter avec d’autres personnes sans pour autant être en parfaite harmonie avec eux.

Critiquer un collègue ou un supérieur dans son dos est presque naturel. Pour certains, c’est même un plaisir coupable.

Hélas, une telle manière d’agir est à proscrire.

Outre que vos collègues vont vous percevoir comme une personne hypocrite et lâche, votre employeur pourrait vous licencier pour faute.

En effet, votre contrat de travail implique de respecter vos collègues de travail.

De plus, ce contrat implique une obligation de loyauté, ce qui vous oblige à ne pas saper le moral de votre équipe de travail en critiquant en permanence les personnes que vous n’appréciez pas.

Enfin, l’usage de votre liberté d’expression n’est pas légitime lorsque qu’il s’agit de dénigrer, d’exagérer ou d’insulter.

Lorsque vous vous contentez d’attaquer la personne objet de vos critiques, de surcroît en utilisant un langage grossier, n’espérez pas faire de vieux os dans votre entreprise.

C’est la mésaventure qu’a eu à connaître une salariée, secrétaire commerciale, travaillant au sein d'un open space dans son entreprise.

La salariée en question faisait preuve d’une médisance dépassant largement des critiques constructives et argumentées.

La salariée a été licenciée pour faute grave.

D’anciens collègues de la salariée ont attesté de son comportement et des propos tenus.

Parmi les attestations analysées par la Cour d’appel, on peut y lire notamment les propos suivants :

  • « Regarde-moi cette vieille comme elle s'habille, elle est ridicule »
  • « T'as vu comme elle élève son dernier fils, elle va le rendre débile »
  • « Regardez tous ces cadres qui ont des voitures toutes neuves et qui partent en vacances gratuitement. »
  • « X est un moins que rien, heureusement que son père lui a donné sa société, il en serait pas là aujourd'hui. »
  • « On est vraiment mal payé ici ; vous verrez quand on lui demande quelque chose, il refuse toujours. »
  • « Tu verras, X, il fait la gueule tous les lundis matin, car il a les boules d'être obligé de passer des week-ends avec sa femme et ses enfants. »
  • « X n'en glande pas une, ne fait rien de la journée, ne fait que tourner en rond malgré son salaire. »

La salariée avait également proféré d’autres propos tellement orduriers qu’ils auraient pu justifier des poursuites pénales en diffamation…

L’ambiance était devenue tellement exécrable que l’employeur a dû réunir l’ensemble du personnel afin de les mettre en garde contre ce genre de dénigrement de nature à nuire au bon fonctionnement de l’équipe.

Malheureusement pour la salariée, cette dernière a continué sa campagne de dénigrement, qui touchait également la vie privée des personnes visées.

La Cour a été tellement choquée par cette attitude qu’elle a cru bon de préciser que les propos de la salariée licenciée ne pouvaient avoir aucune justification professionnelle et relevaient d’une méchanceté purement gratuite.

Bien évidemment, le licenciement pour faute grave a été validé par la Cour.

En conclusion, peu importe les raisons qui vous motivent à juger et à rabaisser les personnes que vous côtoyez au travail. Cette stratégie se retournera un jour ou l’autre contre vous car vos collègues ont également un amour-propre. Si vous les humiliez, ils ne l’oublieront pas et des langues finiront par se délier aux oreilles de votre employeur.  

Même lorsque votre fonction implique de critiquer le travail d’autrui, vous devez toujours vous reposer sur des faits objectifs et argumenter dans un but constructif. Faites également toujours attention au vocabulaire employé afin de ne pas blesser la personne concernée.