Une étude récemment publiée par la DARES (mai 2021) révèle que 6 actifs occupés sur 10 signalent être exposés à des conflits de valeurs dans leur travail.
Elle s’inscrit dans le cadre des travaux menés par la Direction de l’Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques (DARES) au sein du Ministère du Travail et dont les missions sont d’éclaircir le débat économique et social et participer à la conception et à la mise en œuvre de politiques publiques.
Les travaux avaient notamment porté sur la réalisation d’une enquête sur le thème Conditions de travail et Risques psychosociaux en 2016.
Parmi les facteurs de risques psycho-sociaux au travail figurent donc les conflits de valeurs.
Ils se définissent comme « L’ensemble des conflits qui portent sur des choses auxquelles les travailleurs octroient de la valeur : conflits éthiques, qualité empêchée, sentiment d’inutilité du travail, atteinte à l’image du métier. » (source : Collège d’expertise sur le suivi statistique des risques psycho-sociaux au travail – 2011).
L’analyse effectuée par la DARES identifie différents profils d’exposition aux conflits de valeurs.
Si 40 % des actifs sont peu ou pas concernés pas ce risque, en revanche 18 % remontent des conflits éthiques même s’ils ont les moyens de travailler correctement.
12 % éprouvent la fierté du travail utile et bien fait malgré l’insuffisance de moyens.
11 % ressentent un travail comme inutile même si elles disposent de moyens pour l’accomplir.
8 % estiment que leur travail manque de sens et de qualité.
11 % d’actifs sont confrontés à un cumul de conflit de valeurs.
Ces derniers estiment presque tous « ne pas pouvoir faire un bon travail et devoir sacrifier la qualité ».
Dans l’enquête réalisée, les salariés les plus exposés aux conflits de valeurs déclarent plus fréquemment une santé physique et mentale dégradée.
Selon la DARES, cette surexposition aux conflits de valeurs concerne davantage de femmes, de personnes de 31 à 50 ans, de professions intermédiaires de l’enseignement, de la santé, d’employés de la fonction publique ainsi que de salariés en CDI ayant des craintes pour leur emploi.
Au terme de cette analyse statistique particulièrement intéressante, les conflits de valeurs apparaissent donc aujourd’hui comme une dimension émergente des facteurs de risques psycho-sociaux.
Désaccord éthique, manque de moyen et pénibilité sont plus que jamais à prendre en compte dans le champ de la préservation de la santé au travail.
Nicolas PERRAULT
Pas de contribution, soyez le premier